Hachemi BELLALI Ou le Scandale Des Morts Programmées de L’Élite Algérienne. #Rt

En marge de celles d’abord dues aux siens, mutuelles condoléances à tou(te)s celles et ceux qui l’ont connu.

Car tous nous portons son deuil. Car tous nous fûmes témoins.

Cette page est en cours de finalisation. Merci de votre compréhension.

1. Hachemi, 2. Communiqué de Idir

1. Hachemi…

  Il était arrivé en France dans les années 70 en compagnie d’Arezki (Batterie) et de Tarik (Guitare).

Hachemi était à la Basse. Hachemi  était la Basse. À trois ils constituèrent la mythique base orchestrale de Idir lors des années 70. Minimale, cohérente, performante, complice.

Ses camarades (et amis) l’appelaient affectueusement LaFicelle . En jaloux hommage à sa silhouette de mannequin, probablement. Mais silhouette  reliftée par un régime de sévère bohème, tout autant probablement. Et à tout le moins.

Nous sommes restés en contact continu jusque vers 1990, période à laquelle la création du Rcd, la situation en Algérie où la sinistre Décennie Noire s’annonçait déjà et des considérations plus personnelles m’ont amené à, sauf impératifs, me tenir en retrait du circuit de l’animation culturelle de terrain. Mais nous nous sommes toujours retrouvés avec plaisir et, je peux le dire, avec complicité aussi. Sauf, s’agissant de plaisir, les fois où nous devions honorer les itinéraires d’amis qui nous quittaient : Dda Sliman, Ali Mécili, Muhia, Matoub, plus près de nous Dda Crif…

L’apport de Hachemi à l’élan que la communauté algérienne émigrée en France et au-delà a insufflé au combat démocratique algérien par engagement culturel interposé sera, n’en doutons pas, dignement retranscrit sur les tablettes de notre histoire. Et, de fait, cela ne sera pas tant mon propos ici même si, bien sûr, il s’impose à nous tous qui avons connu Hachemi de témoigner de ce que sa présence militante et professionnelle, toujours discrète et terriblement efficace, n’a jamais été prise en défaut lors de tous les projets et rendez-vous significatifs pour lesquels il avait pu avoir été sollicité. Hachemi fait partie de ces seigneurs dont il serait vain de vanter les mérites en listant leurs participations et leurs dons. Il suffit de se poser la question de savoir en quelle circonstance aurait-t-il été absent ? À quelle aubole n’aurait-t-il pas donné ?

Depuis que je l’ai vu arriver en France, mais auparavant aussi et je le sais, Hachemi fut de tous les exploits. Hachemi fut de tous les combats.

Une des toutes premières choses que, par d’autres, j’ai sues de lui fut que, pour ne pas porter atteinte à la bonne tenue d’un concert, il mit un point d’honneur à tenir sa partition le soir même du jour où il avait appris le décès de son père. Voilà l’homme et l’ami que nous perdons. Voilà l’homme et l’ami que nous honorons.

Mais ce qu’il faut crier aujourd’hui et ici, ce n’est ni une peine ni une douleur dont la vie de Hachemi a, entre autres, consisté à nous enseigner à les transcender. Ce dont il s’agit de témoigner ici, ce qu’il faut décrier ici, ce sont la honte et le scandale.

Oui. La honte dont un infâme régime a barbouillé le visage de notre pays, l’Algérie, dès l’indépendance acquise. En un Cinquantenaire qu’il a eu le front de médiatiser et au prix fort, le régime d’Alger a assisté indifférent, quand il n’est pas franchement complice ou directement coupable, à la mort de son élite politique, journalistique, artistique.

Oui. Le scandale parce que depuis plus d’un demi siècle durant, l’omerta la plus opaque règne sur les flux financiers qui irriguent sélectivement des clans et supplétifs patentés ou de circonstance.

Hachemi est parti dans sa force de l’âge pour avoir choisi de ne jamais être de ces nervis vénaux.

Dans le même temps on a, en 2013, réislamisé l’historique Tlemcen pour davantage camoufler le déshonneur infligé à une cité qui, après avoir vu naître des esprits qui ont fait l’honneur et la gloire du pays, s’est vue recyclée en prétendu lieu de naissance de prédateurs politiques sans foi ni loi, en quête de cv osable. Cela via le recyclage d’alibis politiques soucieux de faire fructifier au bénéfice de leur tutelle un strapontin où se morfond ce qui pourrait leur rester de lucidité et de conscience.

A wladi, winna d abri dur nexli... Mes enfants, [la Mort] est une voie qui ne désemplit jamais… 

C’est ainsi qu’un vieil et fraternel ami de notre père, lui-même ne cherchant même pas à retenir les flots de larmes qui inondaient son visage, voulait nous maintenir dans l’exigeant chemin du courage et de la dignité, alors que nous étions allés le ramener pour qu’il puisse assister à la mise en terre d’une partie de lui-même.

Hachemi, nous ne te pleurerons pas. Parce que des artistes et des militants comme toi restent de ces phares de références qui orienteront toujours le devenir de notre pays, l’Algérie. La vraie. Ton Algérie, notre Algérie.

Nous te disons seulement, une fois de plus encore, merci ! Merci et bravo. Bravo !

R. Sadi, Paris, ce vendredi 17 mai 2013.

2. Communiqué de Idir:

Bonjour à  toutes et à tous,

Mardi le 14 mai vers 13 heures, j’ai perdu un ami, un frère. Il s’appelle Hachemi Bellali. Une partie de moi s’en est allée avec lui.

Hachemi était un musicien hors pair, du genre que l’on ne fait plus car il alliait une pleine connaissance de la musique, une culture universelle immense, un amour sans faille pour son identité, et, tout cela dans une discrétion quasi maladive qui fait toute sa grandeur.

Il nous laisse orphelins de son amabilité, de son sourire et de cette chaleur qu’il répand autour de lui dès qu’il arrive. Nous parlerons plus amplement de son apport, de son importance, et de son talent plus tard, car pour l’instant il s’agit de l’honorer pour son dernier voyage.

Salut l’ami, salut l’artiste, tu nous manqueras. Je suis persuadé que tu retrouveras vite ceux que tu as servi et celles et ceux que tu as aimés : Lounès, Dda Slimane, Dda Cherif Cheikh El Hasnaoui, Hanifa (que tu adorais), Youcef Abjaoui et tant d’autres…

Je te laisse en étant persuadé qu’en les rejoignant, les anges du ciel s’inclineront à ton passage.

Pour revenir à nous, après avoir consulté son épouse et ses deux filles, je vous informe que Hachemi est visible dès Vendredi 17 Mai au Funérarium situé au 7 Boulevard de Menilmontant, Paris 11ème.

Il sera là jusqu’à Mercredi 22 Mai de 14 à 17 heures pendant ces journées.

Par la suite, il y aura une cérémonie de clôture au crématorium du Père Lachaise pour tous, et là, une prise de parole est prévue par ses amis, ses collègues et sa famille.

Il sera ensuite enterré dans la plus stricte intimité selon le voeu du défunt et de sa famille, le Vendredi 24 Mai au matin.

Enfin, après l’enterrement, sa famille nous donnera le nom du cimetière et la possibilité de nous recueillir dès le Vendredi après-midi sur sa tombe

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